Emotions et Autisme : Pourquoi les Méthodes Classiques ne Fonctionnent Pas Toujours
Ce n'est pas un scoop - émotions + enfants autistes, ce n'est pas simple tous les jours.
Comme toi probablement, je pensais qu'apprendre à reconnaitre les émotions, les nommer et en parler permettrait de tout résoudre.
Et puis j'ai testé et j'ai réalisé que l'efficacité de ces méthodes étaient limitées.
Au programme :
Pourquoi les méthodes classiques de gestion des émotions ne suffisent pas quand la personne est autiste
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Pourquoi les méthodes classiques de gestion des émotions ne suffisent pas
Je te présente ici les 2 approches les plus utilisées dans l'accompagnement des émotions.
Approche #1 - verbaliser l'émotion de l'enfant, la reconnaitre et la nommer.
En mode “Je vois, Gaston, que tu es très en colère parce que le glacier n'a plus la saveur chocolat. C'est vrai que c'est pénible de ne pas avoir le goût qu'on aime”.
L'idée ici est qu'en faisant ça, on explique à Gaston ce qu'il ressent, on valide l'émotion et montre qu'on comprend sa situation.
On modélise aussi en passant la bonne façon de faire avec une autre personne. Sur le papier, c'est donc THE méthode.
C'est aussi basé sur l'idée que d'exprimer verbalement une émotion est forcément mieux que de ne pas l'exprimer.
Sauf que, le Gaston, souvent,
il n'en a rien à faire de votre blabla (qu'il n'écoute peut-être déjà plus vu son niveau émotionnel +++) ou
il ne voit pas l'intérêt de lui dire ce qu'il sait déjà (en mode 'mini' Sheldon logico-logique - “mais enfin Maman, tu dis des évidences en quoi ça va m'aider que tu répètes un truc que je sais déjà”)
En plus, il n'est pas très réceptif avec le canal auditif.
Et surtout à ce moment-là, sa priorité ce n'est pas vos explications, c'est le tsunami intérieur qui l'envahit : entre frustration et tristesse, sans parler d'une éventuelle faim. Gaston a rarement le mode d'emploi pour arrêter cette tempête. Et n'est pas en état pour le lire....
Enfin, cette méthode part de l'idée qu'il faut impérativement verbaliser une émotion pour ne pas la subir. Ce qui n'est pas une vérité absolue, surtout chez une personne autiste.
Approche #2 - travailler la reconnaissance des émotions
(avec une roue, un visuel, des pictos, une échelle)
L'idée est basée sur le fait que l'autisme cause souvent une difficulté à reconnaitre les émotions (alexithymie pour les motivées) chez soi et chez les autres. C'est aussi souvent combiné à la difficulté à percevoir les émotions faciales voire à reconnaitre les visages connus (prosopagnosie).
Donc entrainer cette reconnaissance émotionnelle et visuelle semble pertinent.
L'utilisation de ce genre d'outil permet aussi d'associer un visuel / un visage à l'émotion et donc faciliter l'expression de cette émotion chez la personne autiste.
L'autre objectif est de permettre à l'enfant ou l'ado de te dire 'maman là je suis dans l'orange, j'ai besoin de me reposer pour repasser en vert'.
Et donc de faciliter l'autorégulation.
Ton rêve !
Pas de problème, aussitôt le visuel disponible, c'est le moment d'apprendre à Ginette à reconnaitre la colère, la tristesse, le dégoût etc..
Sauf que Ginette, quand elle est en PLS de stress parce qu'elle doit aller chez le dentiste, la première chose qu'elle te dit ce n'est pas 'j'ai peur' (pourtant elle le connait le bonhomme bleu de Vice versa et comprend très bien que son héros de BD a peur quand il est face à un dragon). Elle dit "je n'irai pas chez le dentiste'" ou même, elle ne dit rien, elle ne bouge plus, se cache sous la couette et refuse tout.
Ou quand tu montres à Albertine l'échelle des émotions en lui disant : "je pense que tu es dans le rouge, de quoi as-tu besoin pour te sentir mieux?", elle te hurle dessus qu'elle préfère mourir que de discuter de ça, que te es inutile et part crier dans sa chambre.
Et là, tu te demandes où tu as foiré ton plan 'j'aide mon enfant/ado à gérer ses émotions'
En fait tu n'as rien raté.
Ces outils à la base peuvent être super aidants.
Le problème c'est le moment et la façon dont ils sont utilisés.
Ah, donc je ne sais pas les utiliser?
Pas du tout.
Ces outils présupposent que la personne autiste :
ait une bonne conscience de ce qui se passe dans son corps
sache lier des émotions physiques ressenties à une émotion apprise
qu'elle ait suffisamment de ressources mentales encore disponibles pour effectuer cette analyse 'tête, coeur, corps'
qu'elle ne soit pas totalement envahie par une émotion, la mettant en mode 'stress'
Tu comprends mieux le problème?
Ces outils partent du principe que ton enfant à ce moment-là est un être rationnel, sans surcharge et donc pas autiste
Pour les moments où ces outils sont inopérants, en mode émotion activée 😡😭, on t'a préparé, avec Jessica Save-Pédebos, neuropsychologue, des pistes dans la formation Emotions et Autisme
📘 Ce que tu vas apprendre dans ce replay :
Pourquoi ton enfant ne reconnaît pas ses émotions (même s’il connaît la roue)
Comment désamorcer sans parler, quand c’est trop
Des stratégies simples pour t’aider toi aussi à ne pas exploser
Et surtout… comment rendre les émotions moins menaçantes pour toute la famille
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Dans tous les cas, bon weekend à toi !
Alexia
C'est incroyable ce que ton texte met en lumière, avec justesse, et qui me choque le plus , c'est que les methodes proposées aux autistes sont des méthodes neurotypiques... Ça veut dire que personne, personne (à part une poignée d'initiés qui se battent pour faire raison ...) ne cherche VRAIMENT à comprendre l'autisme et ses fonctionnements...
Tout ce que l'éducateur a proposé à mon fils cette année sont des méthodes neurotypiques...
Et sa sœur NT s'en saisit bien mieux que lui.
Merci pour ton post éclairé !
Je vais trouver le temps de regarder le Replay !