Les relations entre soeurs et frères - une mission digne d'un casque bleu😅
Pourquoi tes stratégies (même les meilleures) finissent souvent en chaos.
Gaston, arrête d’embêter ton frère! Il ne veut pas jouer !!!!
Ginette, occupe-toi un peu toute seule au lieu d’asticoter Marceline!
Gérer les relations entre frères et sœurs, tout un programme pour n’importe quelle mère… mais quand en plus un ou plusieurs des enfants est autiste ou TDAH, ça fait exploser le niveau de complexité et de stress.
L’année dernière, on a organisé avec Romain Boyaval, éducateur spécialisé, un atelier sur le thème de la fratrie.
Plusieurs valeureuses mamans ont partagé leurs défis quand il s’agissait d’éviter les bagarres et autres drames du quotidien entre frère et sœur.
Comme je me dis qu'elles ne doivent pas être les seules, je résume ici l'essence de notre discussion animée pour que tu puisses aussi en bénéficier !
Quel que soit l’âge des enfants (allant de 3 ans à 14 ans dans ce groupe), on a retrouvé le même schéma :
Le SCHÉMA d'interaction dans une fratrie neuroatypique
Gaston cherche à jouer avec Ginette, qui, pour diverses raisons, n’est pas intéressée.
Ça déclenche chez Gaston une incompréhension et de la frustration qui, au mieux, le fait partir en pleurant ou râlant que c’est injuste, et au pire, le pousse à insister de plus en plus pour obtenir un accord.
Ginette, excédée par les demandes pressantes, finit soit par craquer et taper ou pousser son frère, soit par céder, créant un ‘précédent’ pour Gaston.
Une autre version : Gaston ne semble pas vouloir jouer avec Ginette mais commence par l’embêter pendant son activité, dérange son jeu, fait du bruit ou autre.
Dans tous les cas, il obtient que Ginette se manifeste et réponde — en général, pas de manière très pacifique (cri, tape, morsure, coup de pied...).
Et au milieu de tout cela, il y a Maman (ou Papa), qui arrive parfois assez vite pour désamorcer, mais qui souvent déboule en pleine bataille et ne peut pas faire grand-chose de plus que :
séparer les enfants,
envoyer Gaston dans sa chambre ou autre variation (où Gaston conclura souvent que c’est injuste, qu’il est “toujours puni”).
Ce genre de scène est à la fois banale… et très complexe.
Banal, parce qu’elle arrive dans toutes les familles.
Complexe, parce que dans une famille avec des enfants neuroatypiques, elle peut se répéter à l’infini malgré toutes les tentatives de résolution des parents.
L’échec d’excellentes solutions
Tu as peut-être déjà testé :
Établir et rappeler des règles (“Laisse Ginette jouer seule” ou “Tu partages avec ta sœur”)
Séparer les enfants — ex : temps de jeu seul
Renforcements positifs ou négatifs autour du respect des règles
Occuper l’enfant en demande pour éviter qu’il aille voir l’autre
Ce sont d’excellentes idées… en théorie.
Pourquoi ça marche moyen ?
Avec un enfant autiste et/ou TDAH :
Les règles générales posent problème : ils pensent en spécifique — “Ginette joue au LEGO” n’est pas la même chose que “Ginette fait du coloriage”.
Dans le feu de l’action (ou de l’envie), difficile de se rappeler une règle surtout si elle est uniquement orale.
Refuser une interaction est difficile à encaisser s’ils sont impulsifs, ou n’ont pas encore acquis la capacité de se mettre à la place de l’autre.
Ces explications ouvrent quelques pistes : scénarios sociaux, consignes visuelles, valorisation du renoncement… mais malgré tout ça, les scènes reviennent.
Et si c’était une histoire de conditionnement ?
Bien sûr, il y a la maturité émotionnelle et cognitive.
Mais il y a aussi un enchaînement d’événements qui renforce un comportement autour du besoin d’origine : interagir avec Ginette.
L'ABA à la rescousse !
En ABA (Analyse Appliquée du Comportement), on décompose un comportement en trois temps : ABC :
A pour Antécédents – ce qui se passe juste avant : Ginette joue au LEGO, Gaston a fini une activité
B pour Behaviour – le comportement : déranger Ginette, refuser de la laisser tranquille
C pour Conséquences – comment finit la scène : est-ce que Gaston obtient ce qu’il voulait ou pas ?
Chaque comportement est une communication
On part du principe que tout comportement est motivé par un besoin, et que c’est la conséquence qui décide si le comportement va se maintenir ou non.
Et que tout comportement est aussi une forme (pas forcément adaptée) de communication.
Si à chaque fois que je mets mes chaussures seul, Maman me donne un bonbon, je vais le faire de plus en plus (renforcement positif).
Si à chaque fois que je crie pour manger on ne me répond pas, je vais devoir tenter autre chose (renforcement négatif).
On peut appliquer l’ABA aux défis dans la fratrie.
L’hypothèse qu’on a testée en atelier
Gaston, en demande, adopte un comportement inadapté… mais son besoin fondamental est d’interagir avec Ginette.
Il comprend la règle, mais l’envie d’interagir est plus forte, et il n’a pas encore acquis la capacité de résister à son envie.
Accepter un “non”, c’est aussi accepter que l’interaction s’arrête net. Ce qui n’intéresse pas du tout Gaston.
Il préfère insister, encore et encore, quitte à provoquer une réaction négative, parce que… ça prolonge l’échange.
Gaston a appris à refaire la même erreur
Comme à chaque fois qu’il insiste, Ginette finit par “craquer” (elle le pousse, le frappe, lui crie dessus…), eh bien… ça marche.
Même si ce n’est pas agréable, Gaston a obtenu une interaction. Il peut même finir par associer “jouer” à “embêter”.
Et donc il recommence. Parce que de son point de vue, c’est logique : il a un résultat.
Alors comment on fait ?
👉 Décomposer chaque séquence avec le prisme ABA : qui fait quoi, quand, avec quel effet.
👉 Prendre en compte les besoins des deux enfants (interagir, se replier, éviter…). Cela permet d’envisager d’autres fins à la séquence.
👉 Intervenir le plus tôt possible avant que Ginette ne réagisse.
Ici, pour ‘casser’ le schéma auto-renforçant, l’idée est d’intervenir le plus tôt possible.
Si Gaston a envie d’interagir avec Ginette, on peut :
Instaurer des temps de jeux ensemble, éventuellement assisté d’un parent et renforcer Gaston pour toutes les petites choses adaptées qu’il fait
Intervenir au moment où il essuie son 1er refus et le rediriger vers une autre activité sans Ginette et renforcer positivement (récompense, félicitation) ce renoncement
Accompagner Ginette dans l’explicitation de son refus, même si ça n’est pas magique, ça associe le ‘j’ai envie de jouer toute seule’ à ‘laisser Ginette tranquille’ pour Gaston.
Un enfant apprend beaucoup plus en vivant une expérience valorisante qu’en écoutant une leçon.
Si à chaque fois qu’il demande à Ginette de jouer, qu'elle dit non et qu'il n'insiste pas tu le félicites, il le fera beaucoup plus que s’il se prend une tirade sur le respect du 'non' alors que lui tout ce qu’il veut c’est voir sa sœur.
Fiche pratique
Quand tu en as marre ou que tu te sens dépassée, rappelle-toi : l’autisme et le TDAH affectent les compétences sociales.
Pour schématiser :
Avec l’autisme, Gaston a du mal à s’imaginer que Ginette n’aie pas la même envie que lui
Avec un TDAH, il va avoir du mal à résister à son envie et à réguler sa déception, l’obligeant en quelque sorte à exécuter son plan.
Et surtout : ce sont des troubles du neuro-développement.
Comme certains enfants ne marchent qu’à 18 ou 24 mois, certains apprentissages sociaux viennent plus tard, quand le cerveau est prêt.
Ce n’est pas un reflet de tes compétences de mère.
Aménager, adapter, valoriser chaque petit pas
En attendant, comme pour un bambin qui tente de marcher, valoriser les efforts, adapter les demandes, c’est ce qui aidera le plus Gaston à progresser… et à construire son estime de lui.
Et comme toujours, un jour à la fois. Fais à ton rythme avec l’énergie du moment.
A bientôt et merci de ta confiance
Alexia
Si tu aimerais que je creuse plus ce sujet, met un commentaire ou envoie moi un MP, je développerai plus de contenu autour de ce thème.
Avant de partir - si cette ressource t’a été utile, mets un petit ♥️, ça m’encourage à continuer à proposer ce type de contenu 🤓
et n’oublie pas de la partager avec d’autres !
Merci pour cette ressource qui m'éclaire en rétrosoective sur la relation avec mon frère et finalement sur celle avec ma fille 😅