La pire mère possible
ou comment on continue à croire à notre culpabilité face aux difficultés de notre enfant
Avoir un enfant neuroatypique, TDAH ou autiste, c’est presque systématiquement passer par une phase ou plusieurs de profonde remise en question de nos compétences parentales.
Les petites crises du quotidien
Ça commence souvent un peu insidieusement, avec de petites choses :
Quand, à 3 ans, il est impossible de rentrer du parc avec Ginette sans qu’elle fasse une crise de l'espace, au point de devoir l’attacher dans une poussette pour pouvoir rentrer.
Quand, à 4 ans, Gaston hurle et se roule par terre parce que son biscuit s’est cassé en deux alors qu’il était censé être entier, et que, pour lui, il est maintenant foutu.
Quand, à 5 ans, il faut littéralement emporter Hector pour quitter l'anniversaire, car il refuse simplement d’arrêter de jouer avec les LEGO du copain.
Puis ça passe à de plus grosses choses :
Quand, à 8 ans, Marcelline corrige systématiquement les fautes de grammaire des adultes, y compris celles de la directrice, et ne comprend pas pourquoi ça les énerve.
Quand, à 9 ans, Gaston a oublié son cahier de devoirs, son stylo, sa trousse, son manteau et probablement son cerveau quelque part dans la classe, mais a un caillou très intéressant dans sa poche.
Quand, à 10 ans, Ginette, excédée lors d’une fête de famille, tire sur la nappe et renverse tout par terre…
Quand la culpabilité s’installe
Et à ce moment-là, que ton enfant soit déjà diagnostiqué ou pas encore, tu t’es déjà -
remise en question 100 000 fois,
culpabilisée de ne pas y arriver,
reproché d’être
trop ferme / pas assezferme,trop ou pas assezprésente, etc.
Tu l’auras compris, culpabiliser fait partie du pack "Maman", mais disons qu’avec un enfant qui ne rentre pas dans la norme, on a gagné le gros lot en termes de culpabilisation.
Te dire de ne pas culpabiliser ne servira pas à grand-chose. Tu ne t’arrêteras pas complètement. C’est humain.
Remettre les choses en perspective
Je le répète souvent : le TDAH ou l’autisme sont des troubles neurodéveloppementaux.
Oui, oui, je sais, tu vas me dire.
Mais est-ce que c’est clair pour toi que cela signifie que certaines compétences ou aires du cerveau se développent différemment de celles d’un enfant lambda ?
Que, par exemple, malgré ses 10 ans, Gaston a probablement la capacité de résistance à la frustration d’un enfant de 6 ans
(l’inhibition et l’impulsivité étant logées dans le lobe pré-frontal, souvent en retard ou moins développé, que l’on soit autiste ou porteur d’un TDAH).
Quoi que tu fasses, il y a des aspects et des compétences que ton enfant n’est tout simplement pas encore en mesure d’acquérir.
Pas parce que tu es incompétente.
Pas parce que tu t’y prends mal.
Mais parce que les circuits neuronaux ne sont juste pas encore là.
Ça ne viendrait à l’idée de personne de s’en vouloir parce que son enfant de 13 mois ne marche pas encore. Certains seraient peut-être inquiets à 18 mois sans marche, mais globalement, on sait que c’est une question de développement moteur.
Eh bien, c’est pareil pour le cerveau.
Certains enfants ont plus de retard que d’autres ou utilisent leur cerveau différemment.
Ou bien ils dépensent tellement d’énergie mentale sur d’autres choses (le bruit, comprendre la consigne, rester concentrés) qu’ils ne peuvent pas tout gérer en même temps.
Combien de familles d’enfants avec un TDAH rapportent les progrès fulgurants de Ginette après la mise en place d’un traitement (le méthylphénidate, ou Ritaline, la marque la plus connue) ?
Est-ce que ce sont de mauvais parents ? Non !
Le consensus mondial sur le TDAH et les dernières recommandations officielles de la HAS le disent bien : la combinaison de médication et de mesures comportementales donne les meilleurs résultats.
Et pourquoi ces enfants progressent-ils autant avec la médication ?
Parce qu’enfin, ils peuvent capitaliser sur tout ce que leurs parents avaient déjà tenté.
Que ton enfant ait ou non besoin d’une aide médicamenteuse n’est pas un sujet de culpabilisation pour toi, sa mère.
Ce dont ton enfant a surtout besoin, c’est d’une mère imparfaitement elle-même.
Qui, certains jours, va assurer.
D’autres jours, limiter la casse ou faire au mieux avec la pagaille.
Et parfois, clairement, merder.
Mais qui, le lendemain, se relèvera et recommencera.
Parce qu’au final, elle ne lâche pas son enfant. Et chaque jour, on progresse.
Et c’est ça que ton enfant va retenir. Que tu es là, que tu fais de ton mieux chaque jour avec les informations et les capacités du moment.

Pas ta capacité à limiter les crises chez les grands-parents ou à t’assurer qu’il ait toujours le bon cahier à l’école.
Les enfants ne veulent pas des parents parfaits, ils veulent juste des parents humains.
Et plus tu accepteras tes limites en même temps que tes forces, plus tu leur apprendras qu’eux aussi ont le droit d’être juste humains.
Et des humains que tu aimes.
Je te souhaite une belle soirée et te mets ci-dessous d’autres articles
Alexia
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Merci ! Les mots dont j'avais besoin après un week-end éprouvant qu'on peut clairement ranger dans la case "j'ai merdé" 🫣
Merci !