5 stratégies que j'utilise pour développer l'estime de soi de mes enfants
Au programme cette semaine : des outils pratiques pour simplifier le quotidien et un zoom sur un sujet essentiel pour le bien-être : l’estime de soi.
Bonjour,
Bienvenue dans cette édition, nous sommes 480.
Que tu sois une lectrice assidue ou une nouvelle abonnée, merci d’être là. C’est un plaisir de partager cet espace avec vous toutes.
Au programme cette semaine :
La ressource de la semaine - Faciliter la cuisine grâce à Pictochef
Le Zoom du jour - Soutenir l’estime de soi chez une personne autiste.
La ressource de la semaine
Pictochef - banque de donnée pour créer ses recettes en picto.
Sophie Lemarié, orthophoniste, a constaté dans sa pratique que la cuisine n’était pas toujours accessible à tous étant donné l’utilisation du langage écrit.
Elle a donc, avec l’aide d’un illustrateur et du soutien de Formavision, fabriqué une base de données de 20 recettes toutes prêtes et une banque de plus de 320 pictogrammes.
Ce que je trouve particulièrement intéressant dans le projet c’est le souci apporté à expliciter visuellement les consignes spatiales comme ‘mettre’, ‘dans’ etc, qui ne sont pas toujours simples à comprendre pour nos enfants.
Elle organise un webinaire gratuit de présentation aura lieu le jeudi 5 décembre à 18h00. Inscription ici.
Et maintenant, parlons d’un autre défi du quotidien, particulièrement important pour les jeunes autistes : l’estime de soi.
Soutenir l’estime de soi chez une personne autiste
Pour illustrer ce sujet, voici le début d’une journée type dans la vie de Gaston, 15 ans, qui lutte au quotidien avec son estime de lui.
7h00 – Le réveil
« Mon réveil sonne. J’éteins l’alarme et je reste allongé, fixant le plafond. Une autre journée commence. Il y aura ces moments où je veux dire quelque chose mais je ne peux pas. J’ai peur de me tromper, de dire quelque chose de stupide. Peut-être que si je restais discret, les autres me laisseraient tranquille ? Mais en restant silencieux, je me sens encore plus invisible. Je me demande si je suis assez bien... Est-ce que je vais finir par être respecté un jour, ou toujours rester "le bizarre" ? »
8h00 – Préparatifs pour le lycée
« Je vérifie mon sac encore et encore. J’ai tout, mais je doute toujours. Et si j’ai oublié quelque chose ? Les autres ne comprennent pas pourquoi je stresse autant pour ça. Mais s’ils se moquent de moi parce que j’ai oublié un truc, je ne le supporterais pas. Il y a des jours où je me sens complètement épuisé avant même d’avoir quitté la maison. Je n’arrive pas à me débarrasser de cette boule dans mon ventre.
8h30 – Sur le chemin du lycée
« Les rues sont pleines. Je garde les yeux baissés, regardant les chaussures des gens. J’essaye de prévoir ce que je dirais si on me pose une question difficile en classe. Ça ne m’arrive jamais vraiment, mais je m’entraîne. Peut-être que si je dis les bonnes choses, les autres me verront différemment ? Mais c’est épuisant de toujours devoir me préparer comme ça. Pourquoi je ne peux pas être moi-même sans ce stress ? »
9h00 – Le début des cours
« Je prends des notes et je me concentre, mais en même temps, je repense à hier. Ce moment où ils discutaient d’un projet de groupe, et où j’avais une idée, mais je ne l’ai pas partagée. Je voulais vraiment le faire, mais j’avais peur qu’ils me jugent ou qu’ils disent que c’était nul. Maintenant, je regrette. Peut-être qu’ils auraient aimé mon idée... ou peut-être pas. Mais je ne le saurai jamais. Et ça me ronge. »
Gaston, comme de nombreuses personnes autistes, doute beaucoup de lui.
Il n’a pas une estime de lui très importante et ça se comprend.
Avoir une bonne estime de soi c’est avoir la capacité à
reconnaitre ses qualités et ses forces
accepter sans jugement ses limites
savoir parler de soi de façon positive
C’est assez difficile à faire si depuis le plus jeune âge on a :
reçu beaucoup de critiques face à certaines difficultés sociales, sensorielles etc.
réalisé qu’on n’arrivait pas à faire quelque chose qui semble si simple pour les autres (voir ‘La honte de ne pas y arriver comme les autres’)
évolué dans un environnement où se fondre dans la norme est fortement incité, au risque de nier sa propre identité.
Même avec des parents aimants, valorisant tout ce qu’il fait, ça ne suffit pas en général pas pour compenser pour le reste de l’environnement, plus normatif qu’inclusif.
Même un jeune enfant peut percevoir qu’elle ne sait pas faire comme les autres et que certains adultes ne l’estiment pas autant que ses camarades.
Du coup,
l’estime de soi d’une personne autiste est souvent plus fragile
l’anxiété de performance et la phobie sociale peuvent apparaitre, tel un antidote contre encore plus d’érosion de l’estime de soi.
Et elle développe plus facilement des croyances comme ‘si je fais tout bien alors on ne me critiquera pas et/ou on m’appréciera’, ce qui renforce l’anxiété de performance, l’épuisement et incite aussi à éviter.
Les personnes autistes se retrouvent dans un cercle vicieux où, moins elles tentent des choses, moins elles ont confiance, moins elles ont confiances, moins elles osent s’affirmer dans les relations, les évitent ou deviennent passives et en concluent qu’elles sont nulles et le cercle recommence.
On le voit bien dans l’exemple de Gaston:
il doute beaucoup de ses compétences,
il n’ose pas expérimenter la participation en classe et
n’a pas développé des compétences d’affirmation de soi pour mettre des limites à ses camarades en cas de critique.
Alors, comment faire pour aider Léo ?
Dans le trio Estime-confiance-affirmation de soi, tout est lié et donc rien n’est figé. Comme souvent, l’important c’est de commencer quelque part.
Soit par l’aspect qui pose le plus problème soit parce celui le plus accessible à ton enfant ou ado ici et maintenant.
Aujourd’hui je vais me concentrer sur l’estime de soi et dans les prochaines éditions on parlera de la confiance et de l’affirmation.
Solutions pour renforcer l’estime de soi :
Voici 4 façons simples d’améliorer la perception qu’a ton enfant ou ado de ses qualités :